news

Comment les postes peuvent progresser vers un avenir résilient face au changement climatique

Selon Gareth Phillips, responsable de la division «Financement climat et environnement» au sein de la Banque africaine de développement (BAD), le secteur postal peut jouer un rôle majeur en matière de sensibilisation des populations rurales d’Afrique sur la nécessité de mener une transition vers les technologies nécessaires et vers un avenir à faibles émissions de carbone et résilient face au changement climatique. 

M. Phillips était l’invité du dernier épisode du podcast Voice Mail de l’UPU, durant lequel il a expliqué comment la BAD et d’autres organismes aident à créer une résilience face au changement climatique en Afrique, une région qui bénéficie seulement de 3,5 à 4% du financement climatique mondial, soit environ 20 milliards d’USD. 
 
«À l’échelle mondiale, l’Afrique tire très peu parti du financement climatique, a-t-il déclaré. Cette situation est particulièrement inquiétante dans la mesure où ce continent compte neuf pays parmi les 10 pays du monde les plus vulnérables au changement climatique. La majorité du financement est actuellement utilisée pour les activités de réduction des risques, ce qui est une bonne chose. Toutefois, l’Afrique a surtout besoin de s’adapter au changement climatique.»
 
Le rôle de la BAD est de contribuer à la réduction de la pauvreté et au développement socioéconomique des pays africains les moins développés en apportant un financement concessionnel pour les projets et programmes ainsi qu’une assistance technique pour les études et les activités de renforcement des capacités.
 
«De plus en plus, nous constatons que l’accent est mis sur le changement climatique et que des financements sont apportés à cette fin, a poursuivi Gareth Phillips. De fait, nous avons actuellement pour objectif que 40% de tous nos investissements soient catégorisés comme du financement climatique.»
 
L’Afrique, qui représente environ 3 à 4% des émissions mondiales, est le continent qui émet le moins d’émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, M. Phillips pense que la réduction des émissions est un enjeu important à travers le continent, à l’instar de la résilience climatique. Selon M. Phillips, en plus de renforcer la sensibilisation aux aspects climatiques, les postes doivent aussi s’«aligner sur l’Accord de Paris» et adopter des politiques pour réaliser les objectifs de l’Accord de Paris consistant à atteindre l’équilibre des émissions d’ici à 2050. 
 
«Dans un premier temps, les postes doivent examiner leurs propres activités et déterminer comment les rendre plus respectueuses de l’environnement. Il peut s’agir d’utiliser des véhicules plus économiques en carburant ou de recyclage, a-t-il poursuivi. Elles doivent aussi explorer la manière dont elles peuvent utiliser les énergies renouvelables, comme l’énergie solaire, qui ont un grand potentiel en Afrique. Les postes pourraient également s’impliquer davantage dans les activités résilientes face au changement climatique, telles que la fourniture d’une assurance aux agriculteurs ou encore les systèmes d’information météorologique. Le secteur de l’agriculture africain est particulièrement vulnérable face au changement climatique. En l’absence de pluie, les recettes du secteur sont touchées.»
 
M. Phillips a aussi noté que si davantage d’organisations, telles que les postes, investissaient dans les énergies renouvelables, elles pourraient contribuer davantage au tableau d’ensemble, à savoir la production d’hydrogène vert, qui a un très grand potentiel en Afrique, pour décarboner les secteurs industriels difficiles à maîtriser. Selon un rapport de 2022 d’Africa Green Hydrogen Alliance, l’hydrogène vert pourrait permettre d’industrialiser l’Afrique de manière durable et d’augmenter de 6 à 12% le produit intérieur brut de six pays majeurs.
 
M. Phillips, qui est aussi responsable du fonds pour les changements climatiques en Afrique de la BAD, a fait remarquer que des financements sont disponibles pour aider les postes à élaborer des initiatives consacrées à la résilience face au changement climatique. «Le fonds vert pour le climat est le mécanisme de financement principal, a-t-il expliqué. Ces fonds sont accessibles par le biais d’entités accréditées, telles que la BAD, qui est une entité internationale accréditée pouvant demander des fonds pour soutenir des projets sur l’ensemble du continent. Il existe au niveau des pays des entités bénéficiant d’un accès direct à ces fonds. Pour une poste dans un pays précis, il s’agirait de la meilleure approche.»
 
«Les postes devraient élaborer une proposition de projet qui démontre comment elles comptent réduire les émissions et gagner en résilience face au changement climatique. Cette proposition serait par la suite soumise au fonds vert pour le climat pour demander des subventions ou des prêts préférentiels», a conclu Gareth Phillips. 
 
Pour écouter en intégralité le podcast (en anglais) avec M. Phillips, rendez-vous sur Voice Mail – Bâtir la résilience climatique en Afrique. L’UPU organisera également un séminaire en ligne axé sur le climat en avril 2023 dans le cadre de sa série Échanges Voice Mail, qui prendra cet épisode pour base. Le prochain podcast sera consacré au Fonds des Nations Unies pour la sécurité routière et se concentrera sur le rôle que la poste peut jouer pour sensibiliser et montrer l’exemple afin de soutenir des causes importantes.