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La chaîne de blocs peut améliorer l’inclusion financière, déclare le chef de l’UPU

Le Directeur général de l’Union postale universelle (UPU), Bishar A. Hussein, a vanté le pouvoir de la technologie de la chaîne de blocs à l’occasion d’un forum sur le thème «Adapter les services financiers postaux à l’économie numérique» qui s’est tenu au siège de l’institution spécialisée des Nations Unies, à Berne (Suisse).

«La chaîne de blocs gagne des adeptes et pourrait résoudre les problèmes d’inclusion financière; elle pourrait aussi améliorer la cybersécurité et l’identité numérique. Elle a la formidable capacité de démocratiser les services financiers» a-t-il déclaré. Selon la Banque mondiale, deux tiers des 1,7 milliard d’adultes non bancarisés dans le monde ont accès aux téléphones mobiles, ce qui fait des services de paiement mobile facilités par la chaine de blocs une occasion unique pour les postes, qui, comme l’a fait remarquer Bishar A. Hussein, sont actives dans le secteur des services financiers depuis plus de 100 ans. Principal intervenant et associé gérant de FutureLab Consulting, Moses Ma a mis l’accent sur les impératifs stratégiques au cœur de la révolution de la chaîne de blocs et encouragé les postes à sauter l’étape du développement de leur chaîne de blocs pour devenir directement des associés dans la résolution du problème du «dernier kilomètre», à savoir: toucher ceux qui n’ont pas  accès aux services financiers ou numériques. «Les postes sont le dernier kilomètre séparant ces services des personnes sans compte bancaire ni identification; l’occasion est là d’achever la révolution numérique» a dit Moses Ma. «Donnez un téléphone mobile aux postiers et on peut commencer de mettre en œuvre certaines de ces initiatives immédiatement» a-t-il ajouté. L’avenir de la finance Le premier panel de discussion du forum était consacré à la prochaine génération de services financiers. Arnold Kibuuka, administrateur de projet à l’Union internationale des télécommunications (UIT), a insisté sur l’importance de préserver la confiance et de maintenir un niveau élevé de sécurité lorsque l’on met en place de nouvelles technologies de services financiers telles que la chaîne de blocs et les cybermonnaies.  Nagib Aouni, conseiller en identité numérique et chaîne de blocs pour les start-ups, partage le même avis: la chaîne de blocs pourrait être une aubaine pour la transparence, l’efficacité et la sécurité des services financiers postaux. Il a toutefois rappelé que la chaîne de blocs n’était pas encore normalisée, ce qui devrait être une priorité pour garantir une interopérabilité mondiale. Enfin, Dame Damevski, Vice-président de Eurogiro/Inpay, a présenté le rôle de la poste en tant qu’intermédiaire de confiance pour fournir un certain nombre de services publics comme un avantage et encouragé les opérateurs postaux à développer une application de chaîne de blocs susceptible de connecter les clients à des services financiers, de gestion d’identité et de logistique. Exemples de réussites Le deuxième panel de discussion était consacré aux innovations dans les services financiers postaux; il rassemblait des intervenants des opérateurs désignés ayant déjà mis en place avec succès des services financiers numériques. M’hamed Moussaoui, Directeur général adjoint d’Al Barid Bank, au Maroc, a présenté la clé de la réussite du projet national de paiement mobile de l’organisation. Dans ce pays, 99% des transactions financières se font en liquide, ce qui représente une perte d’environ 0,7% du PIB. Pour y remédier, Al Barid Bank a lancé une série de services de paiements mobiles, allant du transfert d’argent au règlement des factures, qui lui ont permis de capter un marché qui croît rapidement. La banque détient actuellement 77,4% des transactions bancaires mobiles réalisées sur la plate-forme de paiement Fatourati. Le conseil de M’hamed Moussaoui pour réussir: placer l’expérience du client au premier plan et suivre la demande du marché. La poste tunisienne aussi participe aux initiatives nationales d’inclusion financière et de dématérialisation des transactions; elle a d’ailleurs lancé la première cybermonnaie tunisienne, l’e-dinar, en 2000. Selon son responsable des affaires internationales, Houssem Gharbi, l’opérateur ambitionne maintenant de devenir un incubateur de start-ups, collaborant avec celles-ci pour diversifier les méthodes de paiement afin d’offrir aux clients une variété de moyens de paiement combinés sur mesure. Le Directeur de SwissPost Investment, Olivier Laplace, a conclu le deuxième panel de discussion en mettant en avant la capacité de la chaîne de blocs à réunir tous les acteurs autour d’une seule application mobile. L’unité de services financiers de la Poste suisse, Postfinance, a développé une plate-forme sur laquelle les fournisseurs locaux d’électricité peuvent générer automatiquement des factures basées sur les données collectées par les compteurs électriques intelligents. Olivier Laplace a aussi insisté sur le fait que les postes qui s’aventuraient dans les nouvelles technologies devaient avoir le réflexe de les tester auprès des utilisateurs. Innover rapidement Le modérateur de la rencontre, Michael Wade, professeur de stratégie et d’innovation au International Institute for Management Development et titulaire de la chaire Cisco «Transformation numérique des entreprises», a conclu les échanges en appelant les postes à s’affranchir de leur passé de transformation lente et à accélérer le rythme de l’innovation. Selon lui, pour ce faire, elles devraient se concentrer sur la promotion de l’autonomie, des récompenses et, surtout, de la sécurité psychologique du personnel. Le forum s’est tenu en marge des réunions du Conseil d’exploitation postale de l’UPU, qui ont eu lieu du 1er au 5 avril.