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COVID-19 – Crise de l’incertitude plutôt que crise du revenu

Au deuxième jour de l’exposition Parcel+Post Expo 2020, l’accent est mis sur la réinvention de la poste, tandis que l’examen des réponses des opérateurs à la pandémie de COVID-19 se poursuit

Lorsqu’une dépêche quitte la Slovénie à destination de la Croatie, un système de distribution transfrontalier complexe se met en branle pour gérer toutes les perturbations quotidiennes qui entraînent des pertes de temps et d’argent.
 
Mais un nouveau projet vient d’être lancé permettant à la poste de s’adapter aux besoins en temps réel et d’y répondre de manière diversifiée.
 
La solution – un outil – s’appelle «Cognitive Adviser» (conseiller cognitif), et le chef de ce projet, Alen Kahvedzić, de la poste slovène, nous en a décrit les objectifs principaux à l’exposition Parcel+Post Expo 2020.
 
«Nous voulions mettre en place un système ou un mécanisme capable de répondre à n’importe quel changement dans l’environnement. Tout événement, comme une perturbation du trafic ou la fermeture d’une frontière ou toute autre anomalie, peut être géré grâce à cette technologie», a-t-il expliqué.
 
«L’outil repose sur les objets logistiques cognitifs, qui peuvent être n’importe quel objet de la chaîne logistique, comme un camion ou un bureau de poste», a ajouté M. Kahvedzić.
 
De nombreuses autres postes réfléchissent aux dispositions à prendre pour leurs propres services transfrontaliers alors que les nouvelles exigences européennes en matière de données doivent entrer en vigueur l’année prochaine.
 
J.P. Thorpe, Directeur pour le développement de solutions colis globales à BlueCrest, a déclaré, lors d’un exposé présenté mardi, que les données devenaient de plus en plus pertinentes alors que les postes devaient faire face à de nouvelles exigences de conformité transfrontalière.
 
«Il ne suffit plus de simplement lire l’adresse et de livrer l’envoi, a dit M. Thorpe. Il faut montrer et dire à tous ceux que cet envoi intéresse ce que vous avez fait avec et quand il a été livré.»
 
Aujourd’hui, 8% des colis circulant sur un réseau postal portent un identifiant unique ou un numéro de suivi valide. Dans l’avenir, selon M. Thorpe, les colis avec des données insuffisantes ou incorrectes seront l’exception. Il n’y aura plus de place pour des numéros de suivi superflus ou des formats erronés dans les données qui se cachent derrière le code à barres.
 
«Au bout du compte, la modernisation des postes pour traiter des volumes plus importants signifie que vous devez pouvoir vous fier aux données», a-t-il expliqué.
 
Ce jour-là, les intervenants ont aussi parlé de leur expérience du travail durant la pandémie de COVID-19.
 
«La poste ukrainienne a noué, dans le cadre d’un projet pilote, un partenariat avec une jeune place de marché permettant aux pharmacies de livrer aux citoyens des produits pharmaceutiques, a déclaré Oleksandr Pertsovskyi, ancien Directeur-général de l’opérateur. Les choses ont commencé modestement, mais la poste livre actuellement quelques milliers de commandes de produits pharmaceutiques chaque jour. Le programme a bénéficié d’un appui très large et une loi a été adoptée par la suite faisant de la distribution des produits pharmaceutiques un service permanent.»
 
«La poste a aussi développé son programme de bureaux de poste itinérants, qui consiste en un réseau de véhicules desservant les petites communautés rurales. Le programme a été lancé en 2018 dans l’une des 24 régions postales de l’Ukraine en vue de l’étendre à six autres. Avec la pandémie de COVID-19, la poste a accéléré le mouvement et projette maintenant de couvrir l’ensemble du pays avec ses bureaux de poste itinérants avant la fin de 2021», a déclaré M. Pertsovskyi.
 
«Le bureau de poste itinérant ne représente pas seulement le service postal traditionnel: il est en réalité pour les membres des petites communautés rurales une fenêtre sur le monde moderne. Les produits pharmaceutiques sont livrés par ces bureaux itinérants, qui livrent aussi des denrées alimentaires», a-t-il souligné.
 
La poste ukrainienne travaille aussi à l’expansion de ses services financiers. Selon M. Pertsovskyi, environ quatre millions de retraités dépendent de la poste pour toucher leur retraite. Mais en ces temps de pandémie, l’argent liquide et le contact humain créent des points de transmission potentielle du virus. La poste voudrait incorporer ce genre de services dans les comptes d’épargne postale. Elle espère pour cela obtenir dans les prochains mois l’approbation finale du parlement pour pouvoir exercer pleinement des activités bancaires.
 
«Nous devons voir au-delà des services postaux et logistiques traditionnels; face aux difficultés posées par la COVID-19, les acteurs postaux peuvent se réinventer et réfléchir à tous les services et activités annexes qu’ils peuvent développer», a conclu M. Pertsovskyi.
 
La pandémie de COVID-19 a mis en lumière la nécessité d’être flexible et adaptable. Il est un domaine, en particulier, où, selon Dirk van Lammeren, Directeur commercial à Prime Vision BV, «la COVID n’est pas tant une crise du revenu qu’une crise de l’incertitude».
 
«Nos clients, a-t-il déclaré, ont dû faire face à une diminution des effectifs disponibles due aux congés pour maladie et à la baisse de la productivité. C’est un paradoxe qui exige encore plus d’automatisation pour gérer une forte fluctuation des avoirs, des volumes et des effectifs.»
 
Les entreprises doivent, selon lui, se préparer à une agitation continue du marché, mais aussi à exploiter les données. Les données sur les volumes, la réaction des clients et la performance peuvent aider les postes à optimiser leur fonctionnement.
 
Dirk van Lammeren entrevoit également de nouvelles façons de trier le courrier dans l’avenir ainsi que la nécessité pour les postes de se tourner vers les technologies ouvertes et la connectivité pour pouvoir s’adapter rapidement.