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Donner de l’espoir – La poste est aussi un partenaire humanitaire

Lorsqu’il s’agit de résoudre une crise ou une situation d’urgence, le pouvoir des coopérations ne saurait être exagéré. Les professionnels de l’humanitaire, pour qui travailler en situation de crise est une réalité quotidienne, coopèrent depuis longtemps avec l’ensemble des acteurs locaux, y compris les postes, afin d’apporter aux personnes les plus isolées des produits et des services vitaux. Toutefois, bien que ces coopérations aient permis d’aider des millions de personnes, le potentiel de la poste en tant que partenaire humanitaire va bien au-delà

«Lorsque nous parlons de chaînes logistiques humanitaires, les leviers de la prise de décisions diffèrent de ceux des chaînes commerciales, où la rentabilité est bien plus importante, explique Sophie Gligorijevic, responsable du pôle logistique du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), dans le dernier épisode du podcast Voice Mail de l’UPU. Lorsque nous sommes dans l’urgence, ce n’est pas que nous ne voulons pas être rentables, mais le principal objectif est vraiment le délai de distribution, et c’est ce qui fait la principale différence. Nous devons livrer à tout prix et par tous les moyens.» Et c’est là où les partenariats deviennent indispensables.
 
En ce qui concerne le CICR, le principal domaine de collaboration avec le secteur postal est la fourniture de services financiers en l’absence d’autres prestataires et en particulier dans les zones difficiles d’accès. Selon Sophie Gligorijevic, la proximité de la poste avec les habitants, la compréhension de leurs besoins et la confiance dont elle jouit auprès des communautés locales sont des atouts exceptionnellement précieux. «Nous disposons d’un solide réseau de bureaux de poste bien développé qui peut fournir des services financiers (remises d’espèces, virements bancaires); voilà le service dont nous avons besoin. (...) Les postes disposent généralement de cette couverture étendue, elles connaissent les communautés avec lesquelles nous travaillons, parce qu’elles sont sur le terrain, et elles sont proches des gens», ajoute Sophie Gligorijevic.
 
Aussi essentielle soit-elle, la fourniture de services financiers n’est que la partie émergée de l’iceberg lorsqu’il s’agit de savoir comment le réseau postal peut être utilisé pour faciliter l’aide humanitaire. Selon James Hale, expert en environnement et développement durable à l’UPU, la diversité des rôles humanitaires que la poste peut assurer reste largement inexploitée: «De nombreuses organisations humanitaires ont déjà mis en place des réseaux logistiques dédiés à l’aide humanitaire. Peut-être ne connaissent-elles pas les multiples autres moyens mis à disposition par les opérateurs postaux pour les aider dans leur travail.»
 
Pour mettre en évidence la richesse et la diversité des collaborations potentielles, James Hale identifie trois grands domaines autour du rôle de la poste en tant que partenaire humanitaire. Le premier concerne le rôle de la poste dans la logistique humanitaire et la réponse humanitaire immédiate, comme le transport des fournitures d’urgence, des équipements et du personnel. La contribution sans précédent des opérateurs postaux à la lutte contre la pandémie de COVID-19 est l’illustration la plus évidente de ce domaine d’activité. Facilitée par l’UPU par le biais de son équipe chargée de la gestion des risques liés aux catastrophes et de l’initiative Post4Health, cette contribution comprenait la livraison de matériel de protection individuelle au début de la pandémie, et, plus tard, pour accélérer le déploiement mondial du vaccin.
 
Le deuxième domaine est le rôle plus large que les acteurs postaux peuvent jouer dans la reprise des activités locales après une catastrophe, y compris, mais sans s’y limiter, le rétablissement des communications postales, l’accès des habitants aux services financiers (y compris la protection sociale et les paiements d’aide d’urgence) et la coordination des services d’urgence sur le terrain. Ainsi, en 2013, en réponse aux dégâts causés par le typhon Haiyan, PHLPost – l’opérateur postal des Philippines – s’est associé au Ministère national de la protection sociale et du développement par l’intermédiaire de LandBank des Philippines pour distribuer des allocations en espèces à quelque 18 000 bénéficiaire du Programme alimentaire mondial. En 2011, le rétablissement rapide des guichets de services financiers de Japan Post, après le tremblement de terre et le tsunami de Tohoku, a fait les gros titres dans tout l’archipel.
 
Enfin, il y a les autres services grâce auxquels les postes soutiennent les personnes touchées par une catastrophe ou des perturbations prolongées. Cela va de l’enregistrement des réfugiés et des personnes déplacées dans le pays d’accueil à des campagnes d’information sur la santé et la sécurité, en passant par des visites aux personnes vulnérables à leur domicile et même l’aide à l’accès à l’éducation des enfants déplacés. Le Guide de l’UPU sur les services postaux à caractère social présente le nombre impressionnant de domaines dans lesquels les postes peuvent agir en tant que partenaires solides du développement social et de l’aide humanitaire. Ces domaines sont étayés par des exemples concrets tels que la collaboration entre Turkish Post Corporation (PTT) et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés pour l’octroi d’une aide financière aux réfugiés et aux demandeurs d’asile en Turquie entre 2017 et 2019.
 
«Le message clé que nous aimerions transmettre au secteur humanitaire élargi est qu’il devrait envisager l’utilisation stratégique (et un investissement) de l’infrastructure postale ainsi qu’un partenariat avec les postes pour atteindre ses objectifs humanitaires», conclut James Hale.
 
Les acteurs du secteur humanitaire recherchant souvent des partenaires pour étendre leur champ d’action et le secteur postal étant très bien placé et disposé à fournir cette aide, la correspondance entre les deux secteurs semble couler de source. En parlant de cette synergie et en aidant les postes à l’exploiter pleinement pour aider leurs communautés, l’UPU facilite la livraison de la ressource la plus demandée de tous les temps, à savoir l’espoir.
 
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Pour écouter l’intégralité de l’entretien avec Sophie Gligorijevic du CICR, cliquez ici.