Comment financer, sans monopole, le service postal universel face à un marché compétitif: la question préoccupe de plus en plus les postes.
Une conférence organisée cette semaine par l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) a souligné les défis auxquels les opérateurs sont confrontés.
Le professeur Matthias Finger, de l'EPFL, a ouvert le débat en mettant l'accent sur la relation complexe qui existe entre la politique et la poste. En raison de l'évolution de l'environnement économique, les postes subissent une certaine pression de la part des concurrents actifs sur le marché, et notamment dans des secteurs d'affaires où il n'y avait aucune concurrence auparavant. Il a ajouté qu'il s'agissait là d'un effet de l'arrivée du phénomène de mondialisation au début des années 80, conjugué à un changement d'idéologie selon lequel l'étatisation était vue avec scepticisme.
Le service postal a été «conçu à la fin du 19e siècle et au début du 20e par des hommes politiques afin qu'il contribue au développement national. De ce fait, le thème a naturellement pris une dimension politique», a déclaré le professeur. Cependant, les entreprises privées intéressées par l'ouverture des marchés postaux n'y ont vu que des opportunités commerciales.
Selon Matthias Finger, les postes ont été plus vulnérables à une concurrence accrue de la part d'acteurs du secteur privé que d'autres services publics, comme le réseau ferroviaire. «l'opérateur historique subit un désavantage en raison de ses obligations en tant que service public, contrairement aux concurrents, qui peuvent écrémer les secteurs d'activité les plus lucratifs», a-t-il expliqué.
l'expert du secteur postal s'est montré critique à l'égard de la libéralisation du secteur postal au sein de l'Union européenne. «l'Union européenne libéralise le marché postal en réduisant le monopole public à nil, enlevant ainsi aux postes leur traditionel mécanisme de financement du service postal universel», a déclaré M. Finger.
En même temps, la Commission européenne s'est gardée de redéfinir le service postal universel. «Cela laisse l'opérateur historique dans une situation très difficile: il conserve l'obligation de service universel sans monopole pour la financer», a-t-il souligné.
Pour sa part, le directeur général de l'UPU, Edouard Dayan, a déclaré que le service postal est un enjeu politique délicat en raison de sa contribution socioéconomique et du fait qu'il constitue un important employeur.
La conférence, organisée en collaboration avec l'UPU, s'est tenue en marge de la session annuelle du Conseil d'exploitation postale.