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Inclusion financière: les postes doivent faire partie de l’agenda de développement, disent les experts

Désireux que les postes fassent partie de l’agenda de développement des Nations Unies après 2015, le directeur général de l’UPU, Bishar A. Hussein, a fait valoir les capacités du secteur postal pour aider à bancariser quelque 2,7 milliards de personnes qui ne le sont pas.

«L’éradication de la pauvreté et l’inclusion financière, thèmes intimement liés, occupent une place centrale dans les Objectifs du Millénaire pour le développement fixés par les Nations Unies. Ils continueront de dominer l’agenda post-2015 axé sur les migrations internationales et le développement», a-t-il déclaré lors de l’ouverture d'un colloque mondial sur l’inclusion financière qui a débuté aujourd’hui à Genève. Le colloque de deux jours est organisé par l'UPU, le gouvernement suisse et l'Organisation internationale de la Francophonie. Le directeur général a souligné la capacité des postes à proposer des services financiers aux populations plus démunies et vivant en zones rurales, qui sont souvent exclues par les autres institutions financières. Aujourd’hui, plus d’un milliard de personnes détiennent 1,6 milliard de comptes postaux, mais le potentiel des postes pour faciliter l’inclusion financière reste inexploité. L’UPU a aussi dévoilé les résultats d’une étude conjointe avec la Banque mondiale, qui révèle que les personnes les plus vulnérables de la société ont plutôt tendance à obtenir des services financiers d’une poste que d’une autre institution. «L’inclusion financière retient l’attention du monde depuis une dizaine d’années, mais on oublie que l’UPU s’en préoccupe depuis 140 ans», a précisé Bishar Hussein.

Les transferts d’argent sous les feux des projecteurs

Il y a plus de 230 millions de migrants dans le monde, dont la moitié sont actifs sur le plan économique, selon l’Organisation internationale du Travail. Dans ce contexte, les participants du forum étaient d’avis que réduire les coûts d’envoi des transferts d’argent bénéficierait grandement aux pays en développement. Selon la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement, les transferts d’argent comptent pour 0,8% du produit intérieur brut mondial. «Nous devons reconnaitre la richesse que représente la communauté des migrants, tant sur le plan social que sur le plan capital monétaire», a déclaré William Lacy Swing, directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations. Stéphane Gallet, du ministère français des affaires étrangères, a noté qu’il était plus cher d’envoyer un transfert d’argent dans un village rural que dans une ville. Vu leur couverture dans les milieux ruraux, souvent dépourvus d’institution bancaire ou de service de transferts d’argent, «les postes contribuent beaucoup à faire réduire le coût de ces transferts sur le dernier kilomètre», a-t-il rappelé. Pour réduire les prix, il est essentiel de bénéficier d’une infrastructure capable de soutenir un système efficace de paiement à l’échelle nationale, surtout dans les pays receveurs, a indiqué Marc Hollanders, de la Banque des règlements internationaux. Il ne faut pas non plus oublier les réseaux postaux, notamment pour leur vaste couverture, estime-t-il. «Les postes ont de nombreux atouts et peuvent contribuer au même titre que d’autres institutions financières à assurer des transferts d’agent de qualité et à réduire leur coût d’envoi. Cependant, ce qui est surtout important, c’est leur réseau, notamment dans les pays émergents», a-t-il souligné. «Les postes essaient de s’afficher comme une solution à ces tarifs trop élevés», a rappelé le vice-directeur général de l’UPU, Pascal Clivaz. Il a d’ailleurs fait remarquer que des projets de l’UPU en vue de moderniser le réseau de paiement de certaines postes africaines avaient contribué à faire réduire les coûts d’envoi des transferts d’argent de 30 à 50% dans certains cas. Plus de 200 personnes participent au forum, y compris des représentants des postes, des gouvernements, des organisations onusiennes, non-gouvernementales et donatrices ainsi que d’autres experts de l’inclusion financière.