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Inclusion financière: les postes explorent les capacités de la technologie mobile

Les postes s’efforcent d’améliorer l’efficacité des services financiers qu’elles proposent en recourant de plus en plus aux technologies mobiles.

Représentants postaux, fournisseurs de technologie mobile et experts internationaux se sont réunis au siège de l’UPU cette semaine pour discuter des possibilités qu’offrent les technologies mobiles pour doper l’inclusion financière. Ils ont examiné les principaux défis et opportunités des opérateurs postaux en vue de répondre à la demande toujours plus grande pour des services financiers variés et aux exigences du marché. Selon l’Union internationale des télécommunications, 241 services d’argent mobiles à l’échelle mondiale ont été recensés en juillet 2014, contre 219 en 2013. Vu l’éventail de modèles commerciaux et la multitude de technologies disponibles sur le marché, les participants étaient d’accord pour dire que les solutions devaient s’ajouter en compléments aux services et à l’infrastructure existants, permettant ainsi aux postes de créer un hub multidimensionnel liant technologie mobile, points de vente postaux et services bancaires. Plusieurs présentateurs ont souligné que la technologie mobile n’était pas une panacée. Les postes du Burundi, de la Tunisie, du Maroc et de l’Indonésie ont expliqué comment elles avaient utilisé avec succès les technologies mobiles pour améliorer leurs services financiers postaux; certaines ont même formé des partenariats avec des banques et des opérateurs mobiles afin de lancer de nouveaux produits et services. En Indonésie, où 245 millions d’habitants sont répartis sur 17 000 îles et 66% de la population n’est pas desservie par une banque, Pos Indonesia a pris la décision stratégique d’utiliser les technologies mobiles pour étoffer ses services financiers et doper l’inclusion financière, a déclaré Moehartini Moeharjadi, responsable des relations internationales. Les services financiers comptent pour 45% des revenus de cette entreprise. «L’innovation et le développement sont importants pour la bonne conduite de nos affaires, a ajouté Moehartini Moeharjadi. Près de 50% des citoyens utilisent un téléphone mobile, alors que seulement 29% sont connectés à l’Internet. Les gens sont de plus en plus à l’aise avec l’usage de téléphones mobiles, alors nous avons développé une technologie qui répond à nos besoins.» Au Maroc, la poste a transformé son unité des services financiers en banque commerciale. Cette banque, Al Barid Bank, a reçu le mandat explicite du gouvernement de faciliter l’inclusion financière. Tous les citoyens, même ceux qui n’ont pas de compte avec la banque, ont accès aux services bancaires mobiles. Ces derniers sont accessibles sur tous les appareils mobiles, non pas seulement les téléphones intelligents, ce qui permet d’atteindre encore plus de citoyens. Pour sa part, la poste du Burundi s’est associée à l’opérateur mobile Econet pour proposer des services de transferts d’argent sous le nom de «Ecocash» dans 88 points de vente postaux à travers le pays. La Poste Tunisienne s’est aussi associée avec l’entreprise de télécommunications Tunisiana pour lancer le service «Cash Mandates Minute» par le biais de sa propre plate-forme de paiement mobile, Mobi-Flouss.

Réglementation

Plusieurs participants ont insisté sur l’importance d’avoir des cadres réglementaire et juridique adaptés aux besoins spécifiques et aux innovations émergentes en matière de technologie. Les gouvernements doivent reconnaître l’importance du secteur postal et aider les opérateurs à réduire les coûts et les risques et à stimuler les bienfaits de l’inclusion financière. Selon Clifford Nkomo, de l’Association des régulateurs en matière de communication pour l’Afrique australe (CRASA), la rapide prolifération de la technologie mobile a pris les gouvernements au dépourvu, permettant aux opérateurs de paiements mobiles de tirer avantage de l’absence de régulation. «Nous devons établir une autorité de régulation pour les services bancaires mobiles, qui pourrait étudier les questions de tarification abordable, de qualité et de protection des clients, sans oublier les risques posés par le blanchissement d’argent et le financement des mouvements terroristes», a-t-il précisé. M’hamed El Moussaoui, président du Groupe de projet sur l’inclusion financière postale de l’UPU et directeur adjoint de Al Barid Bank au Maroc, a recommandé une approche globale en matière de prestation de services financiers. En ce sens, il a encouragé l’UPU à continuer de chercher de nouvelles solutions qui vont au-delà d’identifier la poste comme agent de transfert d’argent. Il faut encourager les opérateurs postaux, a-t-il ajouté, à proposer une variété de services financiers et de créer leurs propres infrastructures financières.