Commerce électronique mondial: les postes face à une nouvelle donne

La promesse d’une croissance accrue du commerce mondial, résultant du récent accord de Bali, pousse les services postaux à écouter attentivement la clientèle et à coopérer plus étroitement avec tous les acteurs pour satisfaire les exigences des consommateurs et des commerçants désireux de profiter du potentiel offert par le commerce électronique mondial.

Ecoutez vos clients, proposez des solutions postales intégrées et introduisez des procédures de dédouanement et de distribution simplifiées et fiables: voilà ce qu’ont exprimé plusieurs participants au forum sur le commerce électronique mondial, organisé les 26 et 27 mars 2014 par l’Union postale universelle, l’institution spécialisée des Nations Unies pour les services postaux. Ecouter le reportage vidéo (version française disponible prochainement) Plus de 250 délégués représentant les membres de la famille onusienne, dont l’Organisation mondiale des douanes (OMD), l’Union internationale des télécommunications (UIT) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), ainsi que des géants du commerce en ligne, des associations de commerce électronique et des postes ont apporté un éclairage sur les défis du commerce en ligne transfrontalier, qui en est à ses balbutiements par rapport au commerce en ligne à l’échelle nationale. Les conclusions étaient claires: pour surfer sur la vague, les acteurs doivent entrer tôt dans le jeu et adopter une approche coordonnée. «Le commerce électronique a besoin de réseaux efficaces, intelligents et sécurisés, et cela demande la coopération de tous les partenaires», a déclaré Bishar A. Hussein, directeur général de l’UPU. Soulignant que l’un des objectifs de l’UPU consiste à promouvoir le développement du commerce en vantant la proximité et l’étendue des réseaux postaux ainsi que leurs capacités logistiques éprouvées, le dirigeant de l’UPU a qualifié le réseau postal mondial de «roi des réseaux». Bishar Hussein a toutefois reconnu les défis liés aux échanges transfrontaliers et l’importance de réduire les barrières douanières et opérationnelles. «Nous devons fournir un service de qualité, rapide, digne de confiance et fiable», a-t-il souligné, avant d’inviter les chefs des organisations responsables des douanes, des télécommunications et du commerce à coopérer avec les services postaux afin d’améliorer la connectivité dans les pays en développement, de créer des normes pour les paiements mobiles et de réduire les obstacles aux frontières. «Le commerce électronique est en train de changer la donne», a indiqué le secrétaire général de l’Organisation mondiale des douanes, Kunio Mikuriya. «Il en ressort une distribution accrue du nombre de petits colis, ce qui pose des défis et des opportunités pour les services postaux et les douanes. Notre mission est de faciliter les échanges de marchandises, tout en protégeant les citoyens des produits dangereux ou interdits. Voilà pourquoi nous travaillons avec l’UPU et recourons aux TIC pour collecter plus de données et gérer les risques.» Selon les statistiques de l’UPU, les postes de ses 192 pays-membres ont traité à elles seules 61 millions de colis du régime international en 2012, soit 5% de plus que l’année précédente. Par ailleurs, les colis et les services de logistique comptaient pour 17% des revenus globaux des postes en 2012, contre seulement 9% en 2002. Les ventes de produits achetés en ligne (entreprises aux consommateurs) devraient atteindre 2 trillions de dollars US d’ici à 2020, selon les plus récentes estimations. Les premières analyses de l’UPU sur la base de données concernant les échanges postaux à l’échelle mondiale indiquent que le commerce électronique transfrontalier est prometteur sur les corridors en Amérique du Nord et du Sud, en Europe et en Asie. Mais les partenaires doivent aussi aider les régions comme l’Afrique et les Pays arabes à bénéficier de l’essor économique de ce marché en croissance. Car le potentiel existe. Le forum a mis en lumière le cas du Nigéria, qui connaît une croissance économique vertigineuse et la montée d’une classe moyenne en mesure d’acheter des produits, a souligné Sim Shagaya, président-directeur général de Konga.com, une plate-forme de commerce électronique populaire au Nigéria. «L’Afrique va se familiariser avec la vente au détail grâce au commerce électronique», a précisé celui dont l’entreprise doit faire appel à la poste du Nigéria pour assurer la distribution des marchandises achetées en ligne dans les zones rurales du pays notamment. Si le dialogue est bien entamé à l’échelle mondiale, il doit aussi s’établir aux niveaux régional et national, a déclaré le vice-directeur général de l’UPU, Pascal Clivaz. «Nous devons fournir le soutien promis aux petites et moyennes entreprises afin qu’elles puissent croître grâce à des règlements et procédures simples et fiables.» L’étroite collaboration entre l’UPU et l’OMD a déjà mené à un plus grand partage en amont des données concernant les colis arrivants du régime international afin d’accélérer le dédouanement et la distribution. L’UPU et l’UIT se sont aussi engagées à élaborer des normes internationales pour les paiements mobiles et à travailler à résoudre les problèmes de connectivité pour que les pays en développement et les pays les moins avancés puissent participer plus activement au commerce électronique mondial. Ayant anticipé la montée du commerce électronique et des échanges ainsi que le besoin de solutions postales simplifiées et intégrées, l’UPU, lors de son Congrès à Doha en 2012, a créé différents groupes, sous l’égide du Conseil d’exploitation postale, chargés d’étudier les enjeux liés aux services et au commerce électroniques et de proposer des solutions aux principaux défis auxquels font face les postes et d’autres acteurs. La création d’un service international pour le retour des marchandises est en cours, entre autres activités.