L’Afrique subsaharienne est la région la plus chère au monde en ce qui concerne les envois de fonds internationaux aux familles. L’année dernière, les Africains ont payé en moyenne presque 10% de charge pour chaque dollar envoyé. Ces coûts excessifs affectent plus durement les populations les plus pauvres, en particulier dans les zones rurales.
Par Bishar A. Hussein
L’argent envoyé par des proches travaillant à l’étranger peut transformer le niveau de vie d’une famille. De l’Australie à l’Albanie et de Bahrain (Royaume) au Bangladesh, les ponts indispensables établis entre les pays grâce aux envois de fonds permettent de soutenir les familles de migrants et de fournir aux enfants l’éducation dont ils ont tant besoin.
Pourtant, dans certaines parties d’Afrique, ces envois de fonds reviennent très cher. L’Afrique subsaharienne est la région la plus chère au monde en ce qui concerne les envois de fonds internationaux aux familles. L’année dernière, les Africains ont payé en moyenne presque 10% de charge pour chaque dollar envoyé. Ces coûts excessifs affectent plus durement les populations les plus pauvres, en particulier dans les zones rurales.
Prestation des services
Plus de 200 millions de personnes en Afrique comptent sur les versements provenant de l’étranger et quelque 80 millions d’entre elles vivent dans des zones rurales. L’absence de routes et de ponts, ainsi que d’autres éléments de l’infrastructure de base, peut rendre difficile l’accès pourtant si nécessaire aux services financiers. Par ailleurs, il existe aussi des coûts cachés considérables, notamment les frais de transport; le trajet implique des dangers potentiels, et les services fournis font l’objet de monopoles.
Tous ces problèmes augmentent les coûts et rendent inabordable la réception de fonds dans la région. Le défi, pour les gouvernements, les organisations internationales et les groupes de consommateurs, consiste à réduire ces coûts en trouvant des prestataires alternatifs pouvant fournir ces services de manière économique et fiable.
Une solution efficace pourrait venir d’un élément important dans la vie de la communauté africaine depuis plus de cent ans: le bureau de poste, humble mais toujours présent. L’empreinte historique du bureau de poste et la confiance naturellement placée dans ces services communautaires renforcent la pertinence de la poste.
Changements rapides
Dans certains pays d’Afrique subsaharienne, les bureaux de poste se situent à moins de dix minutes de marche pour 42% des clients. En raison de cette proximité, les opérateurs postaux sont bien placés pour fournir des services financiers à leur clientèle. Les faits parlent d’eux-mêmes: au Bénin et à Madagascar, par exemple, 67% des destinataires de fonds se déplacent à pied au bureau de poste pour récupérer leur argent. Il en est de même pour 57 et 62% des destinataires de fonds au Ghana et au Sénégal, respectivement.
La numérisation se propage aussi inexorablement en Afrique, peut-être même plus rapidement que dans de nombreuses régions du monde. Cette tendance impose des changements rapides sur le marché des transferts de fonds et révolutionne les systèmes de paiement. Pour les opérateurs postaux, les possibilités de développement de réseaux financiers durables pour les familles de migrants et d’autres services financiers sont immenses.
Tranches les plus pauvres
Les résultats de l’initiative relative aux services financiers postaux en Afrique, exemple de réussite dans le domaine des transferts de fonds via la poste en Afrique, appuient ces conclusions et mettent en avant l’urgence de la situation. Le rapport a été émis par le Fonds international de développement agricole et par ses partenaires, dont l’Union postale universelle. Il souligne le fait que nous ne pouvons pas nous permettre d’ignorer l’impact des coûts élevés sur les tranches des plus pauvres de la société.
La baisse des frais de transferts de fonds figure sur la liste des priorités de tous à l’échelle mondiale. Le Programme de développement durable à l’horizon 2030, dans le cadre de l’objectif 10, visant à réduire les inégalités, appelle à faire baisser au-dessous de 3% les coûts de transaction des envois de fonds effectués par les migrants et à éliminer les couloirs de transfert de fonds dont les coûts sont supérieurs à 5%.
Stratégie à long terme
Les postes sont bien positionnées pour contribuer à la réalisation de cet objectif: elles ont les réseaux, la logistique et des liens forts avec les gouvernements. Si ces relations sont associées à une stratégie à long terme et à un engagement à offrir des services financiers inclusifs, elles peuvent permettre de surmonter ce défi. Le moment d’agir, toutefois, est dès à présent. Les postes doivent se tourner vers l’extérieur et saisir cette opportunité.
Message du Directeur général du Bureau international de l'UPU
Première publication dans le «Daily Nation»
https://www.nation.co.ke/oped/opinion/-Postal-operators-can-reduce-cost-of-sending-money/440808-4614592-opgcov/index.html