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Manier avec précautions – Comment l’échange de données électroniques préalables est devenu un outil contre le terrorisme et l’envoi de marchandises dangereuses

Il y a presque huit ans, deux bombes étaient découvertes dans des avions de fret au cours d’escales de routine au Royaume-Uni et aux Émirats arabes unis. Chaque bombe contenait jusqu’à 400 grammes de plastic et un détonateur et devait exploser au-dessus d’une ville de l’Amérique (États-Unis). Si elles avaient réussi, ces tentatives d’attentat auraient semé un chaos terrible et causé un grand nombre de morts.

Fait inquiétant, les deux colis avaient déjà été transportés à bord d’avions de ligne et de fret avant d’être découverts grâce à des informations obtenues par les services de renseignement. La découverte des colis a entraîné une révision majeure des procédures de sécurité visant à prévenir ce type d’actes terroristes. Le journaliste Simon Calder a exprimé de manière très claire dans un article du journal britannique The Independent des inquiétudes concernant les risques de sécurité et a fourni une piste sur la manière dont les autorités pourraient lutter contre ce qui est l’une des plus grandes difficultés du transport international de colis. Il a écrit: «Le Yémen n’est pas un fournisseur habituel de matériel de bureau pour des organisations comme des synagogues de Chicago. On pourrait donc imaginer que le personnel des postes de la capitale du Yémen, Sanaa, auraient contrôlé plus minutieusement ces envois avant de les autoriser à proximité d’avions, de cargaison ou de passagers. Mais ils ne l’ont pas fait.» Le commentaire percutant de M. Calder souligne bien le problème, mais sa remarque selon laquelle il est peu probable que le Yémen fournisse du matériel de bureau à Chicago suggère également une solution partielle: l’évaluation des risques avant le transport des colis par avion. Environ dix ans plus tard, ces drames évités de peu ont contribué à accélérer la mise en place mondiale de l’échange de données électroniques préalables. Le principe des données électroniques préalables est très simple. Les données disponibles sur chaque colis sont soumises par les autorités douanières (ou autres) à une évaluation des risques automatisée prenant en considération le nom du compte, les adresses, les pays et les informations sur le contenu du colis. Ces détails sont comparés aux informations connues sur les terroristes, les réseaux de trafic de drogue et d’autres groupes susceptibles d’envoyer ou de recevoir des marchandises interdites.      Aujourd’hui, 80% des colis soumis aux données électroniques préalables sont expédiés depuis neuf pays seulement. Les 20 pays desquels proviennent la plupart des colis sont responsables de pratiquement 90% de ce volume. L’importance perçue des données électroniques préalables dans la chaîne logistique est telle que l’Union européenne souhaite qu’elles soient mises en place systématiquement d’ici à 2021, et l’Amérique (États-Unis) souhaite légiférer pour introduire le système d’ici à 2020. Reconnaissant l’étendue du problème, l’UPU a travaillé conjointement avec ses partenaires, notamment l’Organisation mondiale des douanes, l’Organisation de l’aviation civile internationale et l’Association du transport aérien international, afin d’améliorer la sécurité et d’élaborer les processus nécessaires pour faciliter l’évaluation des risques. L’UPU a également suggéré le développement d’une solution dématérialisée pour les données électroniques préalables avec un identifiant unique pour chaque colis ainsi que des scannages et des actualisations à chaque étape de la chaîne logistique postale.     L’UPU apporte aussi son appui en matière de sensibilisation et de formation du personnel. L’institution spécialisée des Nations Unies s’occupant des opérations postales organise des ateliers sur la sécurité et les marchandises dangereuses destinées aux opérateurs désignés du monde entier. Ces travaux revêtent une importance particulière en ce qui concerne les mouvements illicites d’opiacés de synthèse, qui présentent une menace directe pour les personnes et la chaîne logistique. Par exemple, le carfentanil, qui fait partie de cette famille, est 100 fois plus toxique que le fentanyl. Une simple exposition accidentelle peut avoir de graves conséquences. Tripp Brinkley, Chef du programme «Sécurité postale» de l’UPU, a déclaré à ce sujet: «Les postes ne doivent pas servir d’outil ni de cible pour les criminels et les terroristes. Nous avons le devoir de maintenir la confiance et de protéger le public, et ce devoir constitue le point de départ de tous nos travaux d’appui en faveur des opérateurs postaux.» Le 10 octobre 2018, lors du Forum mondial des entreprises postales organisé par l’UPU à l’occasion de POST-EXPO, qui aura lieu à Hambourg (Allemagne), du 9 au 11 octobre, se tiendra une séance de groupe de haut niveau sur les «solutions s’appuyant sur les données pour les marchandises dangereuses et interdites».