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Les acteurs du secteur consultés sur la rémunération

Une conférence de l’UPU, la première de ce type, a appelé à une large consultation des acteurs du secteur pour améliorer les systèmes de rémunération des échanges postaux internationaux.

La conférence, intitulée «Systèmes de rémunération de l’UPU – De nouvelles frontières pour un ancien monde?», s’est tenue le 9 avril sous les auspices du Conseil d’administration (CA) de l’UPU, réuni cette semaine au siège de l’organisation, à Berne (Suisse). Le Directeur général de l’UPU, Bishar A. Hussein, a inauguré la conférence et attiré l’attention sur la forme nouvelle de l’événement, qui a porté le débat sur les systèmes de rémunération au-delà des partenaires immédiats de l’Union et réuni des intervenants issus d’organisations commerciales, de groupes de conseil et du monde académique, en plus de la participation des Pays-membres de l’Union et de leurs opérateurs désignés. «Cette conférence sur la régulation postale aborde les défis que pose la rémunération des échanges postaux et les principes dont les gouvernements des Pays-membres devraient tenir compte lors de l’élaboration du système de rémunération intégré pour le Congrès d’Abidjan en 2020» a-t-il fait remarquer en soulignant l’importance de ce débat pour l’avenir de l’Union.

Service public

Les participants au premier panel de discussion se sont demandé comment trouver un équilibre entre offrir un accès universel et maintenir une position sur le marché concurrentiel de la distribution transfrontalière. Ian Streule, associé d’Analys Mason, a commencé par souligner le rôle de l’UPU dans la préservation de l’accès universel aux services postaux dans les pays en développement, comblant ainsi ce qu’il a appelé une «lacune» dans l’accès. Walter Trezek, Président du Comité consultatif de l’UPU et représentant de Ecommerce Europe, a remarqué que le réseau postal tel qu’il existe a été conçu pour la distribution de lettres, pas pour la vague d’envois commerciaux qui inondent aujourd’hui les flux postaux et qui posent des difficultés réglementaires croissantes aux opérateurs postaux et aux acteurs du commerce électronique. Selon lui, l’UPU a un rôle à jouer dans l’harmonisation des règlements pour que les postes puissent rester compétitives sur le marché tout en réunissant les canaux en ligne et hors ligne. Sur le plan de la compensation, le conseiller en affaires postales Jim Campbell a exhorté les membres de l’UPU à s’attaquer aux lacunes du système actuel, qui permettent des déséquilibres entre les taux pratiqués pour les clients nationaux et pour les expéditeurs extérieurs. Concluant le premier tour de discussion, la conseillère politique supérieure du Secrétariat d’État chinois aux postes Gu Chunhui a remarqué que l’obligation de service universel signifiait que la poste était parfois le seul point d’accès pour les consommateurs des régions rurales écartées. Elle a souligné l’importance de prendre des mesures non discriminatoires dans l’élaboration de la future solution afin de protéger ces citoyens vulnérables. 

Le client d’abord

Les participants au deuxième panel de discussion devaient examiner les moteurs du marché animant les échanges transfrontaliers à la lumière du rôle du réseau postal dans la facilitation du commerce international. Ils ont rappelé quelques aspects communs et se sont concentrés sur l’importance du ressenti du client. «Si les organisations postales pouvaient opérer de manière fluide avec une structure de rémunération appropriée, elles représenteraient une force formidable» a déclaré Brody Buhler, Directeur pour la gestion globale au Post and Parcel Industry Group chez Accenture. Alex Dieke, Directeur du Wissenschaftliches Institut für Infrastruktur und Kommunikationsdienste GmbH, une société de conseil allemande, a averti qu’en analysant le système de rémunération comme un «jeu avec des gagnants et des perdants», le secteur postal avait perdu de vue l’acteur principal du système: le consommateur. Il a suggéré que la future solution soit axée sur l’offre de fonds pour réaliser les investissements nécessaires pour améliorer le niveau de qualité de service et faire ainsi en sorte que l’on joue à «jeu égal» sur tout le réseau. Peter Dunn, Directeur services clientèles chez Cullen International, conseille aussi aux membres de l’UPU de ne pas axer trop leurs stratégies sur les coûts, faisant remarquer que les opérateurs devaient se concentrer davantage sur l’apport de valeur au client.  Selon Henrik Ballebye, chef des services d’appui pour la concurrence et les différends à Copenhagen Economics, si les membres de l’UPU décidaient d’opter pour des taux autodéclarés, la transition devrait se faire graduellement. Il a aussi insisté sur l’importance du cadre multilatéral offert par l’UPU, qui permet d’éviter le «plat de spaghetti» des règles bilatérales nécessaires pour permettre les échanges postaux internationaux.

La marche en avant

Le dernier panel de discussion de la conférence, consacré à la marche à suivre pour remodeler les systèmes de rémunération de l’UPU, a rappelé aux membres la nécessité de rechercher le compromis, de créer des conditions égales sur l’ensemble du réseau et de faire en sorte que prix et qualité de service se compensent l’un l’autre. Responsable de la Postal Innovation Platform, Bernard Bukovc a déclaré que si le système actuel de rémunération n’était pas optimal, les disparités entre les environnements réglementaires de chaque pays empêchaient le développement d’un système entièrement nouveau. «Concentrons-nous sur une évolution du système, car toute autre solution mettrait les activités en péril» a-t-il dit. Marc Pontet, directeur général d’Asendia, qui a déclaré que l’UPU et ses membres devraient communiquer une vision claire et concise de la rémunération au cours de cette période, a aussi préconisé une période de transition de quatre ou cinq ans. «Les clients peuvent s’adapter à une évolution des prix pour peu qu’ils en soient informés à l’avance» a dit Marc Pontet. Responsable du courrier arrivant à la poste du Brésil, Nailton Alves de Oliveira a défendu l’idée d’envisager des investissements dans la qualité de service lors de l’examen de la future structure de rémunération. «Il est nécessaire de repenser notre relation avec nos clients: cette relation ne peut pas être fondée sur les prix» a-t-il dit. Enfin, Jack Hamande, membre du conseil de l’Institut belge des services postaux et des télécommunications et coprésident de la commission du CA de l’UPU chargée des questions de gouvernance en matière de rémunération, a déclaré que cette demi-journée de débats l’avait rendu optimiste quant à la possibilité pour l’Union de trouver une solution. «Je pense qu’il y a une volonté réelle de revoir en profondeur le système de rémunération pour l’avenir» a-t-il ajouté. Le Vice-directeur général de l’UPU, Pascal Clivaz, a noté, dans ses remarques finales, que la conférence «avait sans aucun doute permis de partager ces informations et d’établir des rapports de collaboration qui vont renforcer le rôle de l’UPU et de ses partenaires» alors que les membres s’acheminent vers une décision sur l’avenir des systèmes de rémunération de l’UPU. «L’UPU, c’est vous et personne d’autre que vous. C’est vous qui déciderez de la marche à suivre pour les frais terminaux» a-t-il conclu.