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L’intelligence artificielle de l’UPU stimule la collaboration et l’innovation du secteur postal international

En 2023, le rapport «Situation du secteur postal» de l’UPU a identifié l’intelligence artificielle (IA) comme une «lueur d’espoir» pour le secteur postal international. Le rapport explorait la manière dont la technologie pouvait être exploitée pour obtenir bien plus que de l’automatisation et des gains d’efficacité. L’IA créé des possibilités d’hypercollaboration entre les multiples acteurs de l'écosystème, ouvrant la voie à une nouvelle ère de développement postal durable et permettant de corriger les déséquilibres en matière de développement postal national et international. 

«Les services postaux internationaux peuvent uniquement tirer parti de l’IA s’ils intensifient le partage des données entre eux et leurs partenaires de transport et de commerce électronique transfrontaliers, a déclaré José Anson, économiste de l’UPU. Dans le secteur postal international, on parle d’hypercollaboration.» 

Le potentiel de transformation de l’IA n’est pas passé inaperçu auprès du secteur postal, et de nombreux opérateurs à travers le monde souhaitent adopter la technologie d’itinéraires optimisés, le suivi en temps réel et les services personnalisés. 

«L’IA soutiendra de plus en plus la création de jumeaux numériques sur l’ensemble de la chaîne logistique postale et des processus, a poursuivi M. Anson. Cette technologie va changer la donne en matière de gains d’efficacité au moment où les services postaux et les autres opérateurs logistiques ont du mal à maintenir leurs marges bénéficiaires.» 

M. Anson estime qu'«un état d’esprit et une organisation agiles» sont indispensables pour tirer parti de l’IA. Il a aussi souligné que les postes «doivent agir dès maintenant» en ce qui concerne l’IA et qu’elles doivent tester «le plus de cas d’utilisation possible» pour trouver les meilleurs. 

Ces dernières années, l’UPU a travaillé sur plusieurs innovations en matière d’IA, conçues pour soutenir ses membres et leur clientèle. Cela comprend l’utilisation de l’IA dans son système mondial de suivi et localisation (Global Track and Trace – GTT) pour détecter les marchandises dangereuses et contrefaites, et pour l’identification des timbres-poste.  

Global Track and Trace

Le système GTT, qui fournit des informations internationales d'acheminement sur les envois postaux pour les opérateurs et les plates-formes de commerce électronique à travers le monde, intègre désormais un moteur de prédiction utilisant des modèles automatiques d’apprentissage entraînés sur les données postales de masse pour prévoir les nombres de jours estimés.  

«Le système GTT est utilisé dans de nombreux pays à travers le monde, a déclaré Silviu Lita, architecte logiciel de l’UPU. Actuellement, le système enregistre entre un et deux millions de visites par jour.» Le système rencontre un franc succès au fil des années. Cependant, la fourniture d’informations pertinentes sur la date de distribution attendue d’un envoi postal représente un défi, notamment pour les opérateurs désignés des pays les moins avancés, des pays en développement et des petits États insulaires en développement.   

Mais désormais, en utilisant des données postales de masse accumulées depuis des années, le nouveau moteur peut estimer les jours de distribution en faisant preuve d’une étonnante précision. «Il utilise notre environnement de données de masse pour entraîner un modèle d’apprentissage automatique a déclaré M. Lita. Il utilise ensuite le modèle entraîné pour prévoir la distribution. La prévision est réévaluée au fur et à mesure de la capture de nouveaux événements pour un envoi postal.» 

Sur la question de la précision du nouvel outil, M. Lita a poursuivi en indiquant que «la précision de la prédiction varie. Elle est réduite – environ 61% – lorsque l’envoi est posté, mais elle s’améliore de manière significative – atteignant 91% – une fois l’envoi dédouané à l’arrivée.» 

Entièrement développé en interne, le module d’IA (le système GTT) représente une avancée technologique majeure pour l’UPU. Les postes peuvent choisir d’intégrer l’interface de GTT à leurs sites Web ou d'accéder au moteur de prédiction par le biais d’une interface de programmation d'application (API). 

Outil de recherche de marchandises dangereuses 

L’UPU adopte aussi l’IA dans le cadre du développement de son nouvel outil de recherche de marchandises dangereuses, qui est un système alimenté par l’IA pouvant détecter les envois à haut risque dans le système postal mondial.  

«L’outil de recherche de marchandises dangereuses fait actuellement l’objet d’un test d'acceptation par les utilisateurs structuré auprès de 40 opérateurs désignés à travers le monde, a déclaré Dawn Wilkes, Cheffe du programme ‹Sécurité postale› de l’UPU. Cette phase est critique: elle nous permet de tester dans quelle mesure l’IA identifie les marchandises dangereuses sur la base de données réelles issues d'événements du courrier international et de déclarations en douane.» 

L’outil de recherche de marchandises dangereuses calcule un score de prédiction des marchandises dangereuses pour chaque envoi, au moyen de modèles d'apprentissage automatique entraînés sur de vastes ensembles de données postales. «L’outil traite les messages EDI, par exemple des messages ITMATT et EMSEVT, en temps quasi réel et renvoie un score par le biais d’une API, a expliqué Mme Wilkes. Par la suite, les opérateurs choisissent l’action appropriée en fonction de cette évaluation des risques.» 

L’outil deviendra aussi de plus en plus intelligent au fil du temps. «Nous réentraînons le modèle régulièrement, environ tous les trois mois, pour améliorer son efficacité, a-t-elle ajouté. Plus le modèle ingère des données, plus il devient intelligent. C’est pour cette raison que nous encourageons les postes à autoriser l’accès à leurs données: tout le monde y gagne.» 

Mais l’UPU ne compte pas s'arrêter là. «L’un de nos principaux objectifs est d’intégrer l’outil de recherche de marchandises dangereuses à des sources externes d’information», a déclaré Mme Wilkes. Nous explorons des partenariats de partage de données sécurisé avec les douanes, les agences des Nations Unies et les organes nationaux chargés de l'application de la loi pour effectuer des vérifications croisées concernant les envois signalés avec des menaces connues telles que des expéditeurs sur liste noire ou des itinéraires commerciaux à haut risque.» 

L’outil de recherche de marchandises dangereuses, dont le déploiement plus vaste est prévu pour la fin de 2025, promet de révolutionner la sécurité du courrier. «Pour finir, cela donne aux postes un outil puissant pour protéger son personnel, réduire les coûts et garantir la conformité, a conclu Dawn Wilkes. Il s'agit d'assurer la pérennité du réseau postal mondial.» 

Identification des timbres-poste et utilisation de timbres contrefaits 

La sécurité est aussi au cœur de l’application du système de numérotation (WNS) de l’Association mondiale pour le développement de la philatélie, qui fonctionne comme une extension mobile du site Web du WNS, la base de données de l’UPU pour les timbres-poste qui fait autorité depuis son lancement, en 2002. Nommée WNS 2.0, l’application mobile, alimentée par l’IA, permet d’identifier instantanément les timbres et de lutter contre la contrefaçon internationale. 

«Cette application change complètement la donne pour la communauté philatélique, a déclaré Benjamin Combes, Chef du programme ‹Développement de la philatélie et patrimoine documentaire› de l’UPU. Elle donne aux douanes et aux forces de l’ordre un nouvel outil pour lutter contre la contrefaçon, encourager le rétablissement de la confiance entre les postes et les collectionneurs et rendre les informations sur les timbres facilement accessibles à tous.» 

L’application WNS s'appuie sur une première base de données composée jusqu’à présent de plus de 120 000 timbres officiellement vérifiés. Grâce à l’IA, les utilisateurs prennent simplement un timbre en photo pour accéder en quelques secondes à des métadonnées détaillées: la loupe et les catalogues sont remplacés par un smartphone. «Grâce à l’application WNS, les utilisateurs peuvent identifier un timbre instantanément. Pour les collectionneurs, c’est un extraordinaire bond en avant», a souligné M. Combes. 

Outre les collectionneurs, l’application apporte aussi des avantages considérables aux postes. «La contrefaçon coûte des millions à la poste dans le monde, a expliqué M. Combes. L'application WNS permet de vérifier l’authenticité des timbres en effectuant des vérifications croisées par rapport à notre base de données fiable.» Les agents douaniers peuvent utiliser l’application pour inspecter les timbres sans devoir contacter de manière répétée les autorités postales, optimisant ainsi les contrôles aux frontières. 

Plus important encore, WNS 2.0 fait passer la philatélie à l’ère numérique. «Pour la jeune génération, ce qui n’est pas sur téléphone mobile n’existe tout simplement pas», a indiqué M. Combes. Les futures mises à jour intégreront le partage social, les valeurs du marché en temps réel et une prise en charge multilingue plus large. «WNS 2.0 n’est que le début, a conclu M. Combes. Nous construisons une plate-forme philatélique mondiale et intelligente pour l’avenir.» 

Avenir de l’intelligence artificielle 

Si l’UPU poursuit ses travaux sur de nouveaux outils révolutionnaires basés sur l’IA pour soutenir ses membres et encourager l’hypercollaboration, M. Anson estime qu'il reste encore de nombreux domaines sous-explorés en ce qui concerne l’IA.  

Sa conclusion est la suivante: «Par exemple, l’IA agentique – le type d’IA qui révolutionne les organisations en transformant les processus automatisés en processus autonomes et qui optimise les opérations – constituera la nouvelle vague d’innovations relatives à l’IA dans le secteur postal et montrera la véritable valeur ajoutée de cette technologie pour les entreprises postales.»

This article first appeared in Union Postale Summer 2025