La troisième édition du défi de l’innovation de l’UPU a réuni des innovateurs, des décideurs politiques et des experts postaux du monde entier, du 21 au 23 mai 2025, à Limassol (Chypre). Organisé parallèlement à la 33e Conférence sur l’économie postale et de la distribution, l’événement a servi de laboratoire pour partager des idées neuves sur les façons d’adapter les services postaux à un avenir numérique et durable. Soutenus par l’intégration de données et l’intelligence artificielle (IA), les participants se sont attaqués à trois questions principales: identité numérique, logistique de l’économie circulaire et avenir de l’obligation de service universel.
La collaboration au cœur de l’innovationConçu comme un événement intensif axé sur des solutions, le défi de l’innovation appelait les participants à codévelopper, sur le thème «Libérer la puissance de l’hypercollaboration», des idées pratiques fondées sur des scénarios réels. Avec l’appui du Centre for a Digital Society de l’Institut universitaire européen et le soutien de La Poste Groupe France et de Amazon Web services, l’initiative a donné aux équipes accès à des données postales, un encadrement technique et des informations d’ensemble.
Cette année, l’UPU a accueilli 14 participants du monde entier, dont les connaissances régionales et l’expertise variée ont enrichi les débats d’intéressantes perspectives. Au cours des trois jours, des équipes interdisciplinaires ont exploré comment les nouvelles technologies, les données et l’infrastructure publique pouvaient être combinées pour répondre à l’évolution des besoins mondiaux.
Réinventer l’obligation de service universel
Le premier défi était axé sur la modernisation de l’obligation de service universel, qui garantit que tous les habitants ont accès aux services postaux. Alors que les modèles traditionnels sont sous tension du fait de la baisse des volumes de courrier, de la hausse des coûts d’exploitation et d’attentes changeantes, les participants ont exploré comment l’IA et l’analytique prédictive pourraient aider à remodeler l’obligation de service universel afin que celle-ci reste pertinente et durable à l’ère numérique.
En analysant des facteurs tels que la géographie, la densité de population et la demande de services, l’équipe a proposé des cadres adaptatifs basés sur les données qui pourraient répondre aux besoins changeants. Ces solutions font ressortir l’urgence qu’il y a à actualiser des politiques depuis longtemps en place pour qu’elles demeurent pertinentes dans un monde numériquement connecté.
L’équipe a conclu qu’un outil de données interactif et convivial pourrait aider les dirigeants politiques et les régulateurs à explorer de futurs scénarios pour l’obligation de service universel et en guider la revitalisation. Au bout du compte, la clé d’une application efficace et réussie de cet outil est dans la qualité des données et la volonté d’agir des parties prenantes.
Technologie et solutions orientées consommateur en faveur de la circularité électronique
Le deuxième défi concernait le besoin croissant d’une logistique inverse durable en tant que catalyseur essentiel des chaînes circulaires de valeur. L’équipe s’est demandé comment les réseaux postaux pouvaient soutenir les flux de collecte et de circulation inverse des appareils électroniques usagés ou délaissés, soit en en prolongeant le cycle de vie, soit en récupérant les matériaux de valeur, tels que les matières premières de récupération.
Les participants ont proposé une approche multidimensionnelle permettant aux postes de soutenir le retour, la réutilisation et le recyclage des appareils faisant appel à leur infrastructure de services non seulement physiques, mais aussi numériques et financiers. Plus spécifiquement, ils ont démontré la faisabilité d’une plate-forme utilisateur numérique soutenue par des bases de données interopérables qui rassemble et partage des données sur les produits et les matériaux avec des producteurs et des régulateurs d’électronique.
Parmi les participants, il y avait Ibukun Faluyi, qui dirige E-waste Producers Responsibility Organization au Nigéria (EPRON), et Deepali Sinha Khetriwal, cofondateur de E[co}work International, une organisation à but non lucratif qui soutient les microentrepreneurs. Ils ont montré comment la solution peut s’appliquer dans le contexte nigérian et indien, mettant en avant des traits comme la réservation de services à la demande, le suivi et la localisation ainsi que la collecte de données sur les produits afin de renforcer la coordination, en particulier auprès des communautés locales et des travailleurs du secteur informel.
Repenser l’identité numérique avec l’infrastructure postale
Ce troisième défi visait à explorer comment les réseaux postaux pouvaient contribuer à modeler l’avenir de l’identité numérique. Les participants se sont penchés sur le développement de porte-monnaie électroniques sécurisés pour la vérification de l’identité, le stockage d’identifiants et l’accès aux services publics. Ces solutions seraient fondées sur la couverture des réseaux postaux et la confiance qu’ils inspirent tout en soutenant l’interopérabilité transfrontalière.
Participant à ce défi en tant que membre de l’équipe, Helena Cimber, Directrice «Produits» à e-Boks, un membre du Comité consultatif de l’UPU, a expliqué comment elle pensait que l’on pouvait tirer parti du rôle de confiance du secteur postal en faveur des services numériques dans un écosystème en évolution:
«Nous étudions comment les opérateurs désignés pourraient jouer un rôle clé dans l’écosystème de l’économie numérique. Ils vérifient déjà l’identité tous les jours au guichet. Mais imaginez que le processus puisse être numérique, sûr et privé? Ce qui manque à de nombreuses initiatives nationales, c’est une norme commune, et c’est là que la poste pourrait jouer un rôle unique», a-t-elle expliqué.
De l’idée à sa réalisation
Cette année, l’événement a également exploré l’architecture proposée pour la plate-forme unifiée de données de l’UPU. Cette plate-forme est conçue comme un environnement unique intuitif réunissant et validant des données issues de sources multiples, tirant parti de l’analytique avancée et de l’IA agentive pour transformer les opérations postales et l’élaboration de politiques.
Cette troisième édition du défi de l’innovation a montré qu’une transformation constructive est à la fois nécessaire et réalisable. En réunissant opérateurs désignés, experts technologiques, régulateurs et chercheurs, cette initiative allie théorie et pratique et présente des systèmes avancés mus par les données et l’IA en tant que futurs moteurs de connaissance du développement postal durable. Profitant de cet élan, l’UPU va se concentrer sur l’intégration de ces trois solutions dans sa plate-forme unifiée de données pour les traduire en innovations concrètes et percutantes pour les services postaux du monde entier. Avec les bons outils, des talents et une détermination commune, le réseau postal peut rester une pierre angulaire de l’infrastructure publique dans un monde de plus en plus connecté.