L'UPU, une institution des Nations Unies pour les services postaux, travaille avec d’autres organisations internationales afin d’améliorer la sûreté de la chaîne logistique mondiale.
Un nouveau groupe intercommissions sur la sûreté, composé d’opérateurs postaux et d’organisations internationales, s’est réuni pour la première fois la semaine dernière au siège de l’UPU afin de discuter du développement et de l’application de normes postales mondiales afin d’améliorer la sûreté de la chaîne logistique mondiale.
«Il est essentiel d’assurer une coordination internationale pour définir des normes mondiales qui sont applicables à tous les acteurs plutôt que de voir des pays individuels ou des organes supranationaux établir des normes pour tous», a déclaré Edouard Dayan, directeur général de l’UPU.
L’initiative a été lancée suite à l’introduction, en novembre dernier par l’administration américaine chargée de la sûreté du transport (Transportation Security Agency), de nouvelles mesures de sûreté visant le courrier international à destination des Etats-Unis suivant l’interception, dans le réseau d’entreprises de messagerie privées en octobre dernier, de deux colis piégés en provenance du Yémen.
Les mesures ont néanmoins forcé les postes nationales des pays-membres de l’UPU à modifier immédiatement leurs processus opérationnels. Certaines postes ont dû cesser d’accepter ou retarder l’acheminement des envois à destination des Etats-Unis, y compris les envois express, et faire face à des coûts de transport plus élevés ainsi qu’au refus de plusieurs postes de traiter le courrier de transit dans les plus importants aéroports. La situation a provoqué des accumulations d’envois dans le monde.
L’UPU a travaillé de près avec TSA afin d’expliquer le caractère unique du réseau postal et d’assouplir les mesures pour les envois à faible risque. Plusieurs pays ont enfin repris leurs activités normalement depuis la fin de mars et le début d’avril. D’autres pays sont toujours bloqués ou connaissent des retards pour leurs envois à destination des Etats-Unis.
Par ailleurs, l’Union européenne travaille à développer ses propres normes de sûreté du transport aérien. Il est aussi possible que les mesures de TSA soient prolongées davantage. Devant cette situation, l’UPU estime qu’il est essentiel de trouver une solution internationale coordonnée qui répond aux besoins en matière de sûreté sans nuire à l’acheminement des envois postaux et aux échanges commerciaux.
Impact commercial
«Les postes ont l’habitude de s’adapter à des perturbations temporaires comme celles provoquées au transport aérien par l’activité volcanique en Islande l’année passée», a expliqué Andreas Taprantzis, président du Conseil d’exploitation postale, l’organe de l’UPU composé de 40 pays-membres et chargé des questions opérationnelles. «Toutefois, la mise en œuvre de mesures de sûreté qui risquent de produire une situation plus permanente pourrait empêcher les postes de répondre aux besoins de leurs clients ou sérieusement miner leur part croissante du marché des petits paquets et colis.»
Selon les analyses de l’UPU, le secteur postal connait une croissance à deux chiffres dans le domaine des colis et petits paquets grâce au commerce électronique et à l’expansion du commerce. En 2010, les postes ont vu le trafic des envois express et des colis rebondir de plus de 15% dans chacun des cas par rapport à 2009.
Lors de la réunion d’avril du groupe intercommissions sur la sûreté, des représentants des postes, de l’Association internationale du transport aérien, de l’Organisation de l’aviation civile internationale, de l’Organisation mondiale des douanes et de l’Organisation mondiale du commerce ont examiné les normes et les processus existants dans leurs domaines respectifs. Le groupe espère émettre des recommandations concernant une harmonisation coordonnée de ceux-ci d’ici à la fin de l’année.
Selon Edouard Dayan, de l’UPU, le besoin d’assurer la sûreté et l’intégrité de la chaîne logistique mondiale est crucial. Cependant, des mesures de sûreté permanentes pourraient compromettre les principes de la liberté de transit et du service postal universel contenus dans le traité de l’UPU, a-t-il expliqué. «L’enjeu de la sûreté ne doit pas empêcher les postes d’acheminer les envois ou nuire à la croissance des opérateurs. Il faut préconiser une meilleure compréhension du modèle postal pour l’acheminement des envois et une approche équilibrée à la sûreté.»
Edouard Dayan a récemment rencontré au siège de l’UPU le responsable de TSA, John Pistole, afin de discuter des préoccupations du secteur postal. Les deux se sont mis d’accord pour travailler plus étroitement ensemble.
Les postes du monde entier envoient plus de 418 millions de lettres, de colis et d’envois express aux Etats-Unis chaque année.