Le développement économique soutenu en Amérique latine et l’obligation des gouvernements de se rapprocher de leurs citoyens créent des conditions idéales pour renforcer le secteur postal de la région, dont le potentiel pour stimuler les économies nationales et générer des bénéfices sur le plan social doit être optimisé, selon Bishar A. Hussein, directeur général de l’Union postale universelle.
De passage à Montevideo (Uruguay) pour la réunion annuelle du conseil exécutif de l’Union postale des Amériques, de l’Espagne et du Portugal (UPAEP), organisation régionale travaillant en étroite collaboration avec l’UPU, Bishar A. Hussein a enjoint les gouvernements d’Amérique latine de ne pas délaisser davantage le secteur postal, qui a trop souffert au cours des trente dernières années en raison de son exclusion des politiques de développement et d’un manque de réglementation.
«Le secteur postal latino-américain est très fragmenté», a précisé Bishar Hussein. «La réforme postale doit aider à consolider les multiples acteurs de ce secteur et à les intégrer dans un cadre sectoriel afin que le marché soit équilibré et puisse croître.»
Selon les analyses de l’UPU, plusieurs réformes partielles ou ponctuelles au cours des dernières décennies ont gravement nui au développement du secteur postal de l’Amérique latine, à la modernisation des postes nationales et, par conséquent, à la capacité des pays de réaliser leurs obligations en matière de service postal universel.
Pour pallier cette situation, l’UPU met à la disposition de ses pays-membres une approche structurée en matière de réforme pour permettre aux gouvernements de réorganiser le secteur postal dans un cadre intégral et cohérent. Cette approche met l’accent sur la situation spécifique de chaque pays dans le but de renforcer le service postal universel, qui doit garantir l’accès de tous les citoyens à la communication grâce à une participation active de tous les acteurs concernés.
D’ici à 2016, l’UPU et l’UPAEP investiront plus d’un million de dollars (USD) dans des projets visant à faire avancer le développement et la réforme du secteur postal et à améliorer la qualité du service postal en Amérique latine.
Ces priorités et d’autres s’inscrivent dans le plan de développement régional élaboré par l’UPU et l’UPAEP en vue de réaliser, au niveau de l’Amérique latine, les buts de la Stratégie postale de Doha, la feuille de route mondiale de l’UPU pour le cycle 2013-2016.
Même si plusieurs postes nationales d’Amérique latine ont fait des progrès au cours des dernières années, elles détiennent en général une faible part du marché; une poignée seulement bénéficierait de plus de 50% du marché postal national, alors que la moyenne se situe aux alentours de 20%.
Devant la décroissance des volumes de courrier physique, les postes doivent se préparer à prendre avantage de la croissance des petits paquets générés par le commerce électronique florissant, estiment l’UPU et l’UPAEP. Un service robuste de colis pourrait constituer une plate-forme adéquate pour le développement d’autres services novateurs qui contribuent au développement national, au même titre que le commerce électronique et les exportations par la poste.
Le développement du service de transferts d’argent électroniques CorreoGiros, reposant sur le système financier international de l’UPU, constituera aussi un axe de travail. En 2012, l’Amérique latine a reçu des transferts d’argent estimés à 61,3 milliards de dollars en provenance principalement des Etats-Unis, de l’Espagne et du Japon. Ces transferts revêtent une importance cruciale pour le développement macro et micro-économique des pays latino-américains, et les postes contribuent à faire diminuer les tarifs en proposant des services accessibles et à prix abordables. Les postes d’une dizaine de pays latino-américains et de l’Espagne recourent au service CorreoGiros depuis 2007 pour échanger des transferts d’argent électroniques.