Les dirigeants postaux du monde entier ont débattu des moyens d’exploiter les opportunités qu’offre le commerce électronique, lors du Forum des directeurs généraux de l’UPU tenu à Paris le mardi 6 septembre.
Les participants au Forum se sont tout d’abord concentrés sur les possibilités de tirer parti de la position stratégique de la poste dans le paysage concurrentiel du commerce électronique.
Durant les discussions, ils se sont demandés si les vendeurs en ligne et les «e-marketers» devaient être traités en amis ou en ennemis, plusieurs directeurs généraux ayant présenté leurs modèles de coopération et de concurrence avec les entreprises privées.
Le Directeur général de Correo Argentino, Jorge A. Irigoin, a expliqué que si les marchés en ligne représentent des partenaires pour la poste, il n’en demeure pas moins qu’ils pourraient se développer à l’avenir dans le secteur de la logistique.
«Il y a un risque pour nous, mais aussi une chance de devenir plus compétitifs, de mieux nous positionner au niveau des coûts et d’offrir une qualité plus élevée» a-t-il déclaré.
Pour sa part, India Post a indiqué qu’elle travaille en partenariats étroits avec des vendeurs en ligne, dont Amazon.
Le Président de Indian Postal Services Board, Boyapati Venkat Sudhakar, a déclaré que la présence de la poste dans les zones semi-urbaines et rurales, où la demande pour des marchandises issues du commerce électronique est forte, fait du service postal un partenaire intéressant pour les vendeurs en ligne.
«Pour les vendeurs en ligne, développer maintenant des réseaux d’acheminement n’a pas de sens sur le plan commercial» a estimé M. Sudhakar, en ajoutant que la poste a aujourd’hui plus 1000 partenaires dans le commerce électronique.
Forte de cet avantage, la poste est en meilleure position pour travailler avec les vendeurs en ligne et adapter ses services à leurs besoins.
Echanges transfrontaliers
Bon nombre de directeurs généraux ont confirmé que l’étendue du réseau postal et sa réputation en tant qu’entité de confiance auprès des clients sont des atouts importants dans le secteur de la logistique.
Toutefois, certains d’entre eux ont estimé la facilitation des échanges transfrontaliers au sein de la communauté postale reste un défi. Certaines postes s’associent encore avec des entreprises privées pour la distribution internationale et d’autres n’ont pas de connexions directes entre elles.
Selon le Directeur général de la Poste de Djibouti, Bahnan Ali Maidal, s’il est facile pour des pays tels que la France et l’Allemagne d’échanger des colis rapidement, ce n’est pas le cas des postes des pays en développement où la qualité n’est pas la même. Par exemple, un envoi du Maroc passera probablement par quatre pays avant d’arriver à Djibouti, a-t-il déclaré.
«Quand on parle de famille postale, il faut que ce soit une vraie famille, autrement certains en restent exclus. Nous devons travailler ensemble... Certaines postes africaines ont besoin de leurs grands frères» a déclaré M. Maidal.
Le Directeur général de l’UPU, Bishar A. Hussein, a noté que c’est précisément le rôle de l’Union que de favoriser les intérêts de la poste au niveau mondial.
«La poste est présente au quotidien dans pratiquement chaque foyer de la planète. Aucun autre réseau n’a cette capacité» a-t-il fait remarquer.
«Je pense que notre réseau est suffisamment bon - nous devons simplement le renforcer» a-t-il conclu.
Impliquer les partenaires
Alors que les postes opèrent une transition pour passer de l’activité traditionnelle de la poste aux lettres à des solutions de commerce électronique, le Directeur général d’Australia Post, Ahmed Fahour, a jugé utile de rappeler aux dirigeants postaux de ne pas négliger leurs clients et leurs autres partenaires.
«Le facteur décisif pour nous tous n’est notre capacité de prévoir le rythme de la baisse des quantités de lettres ou d’investir de manière cruciale dans le commerce électronique ou encore dans la confiance associée aux services financiers. C’est plutôt de savoir comment nous abordons la transition de ces institutions historiques que sont les postes» a estimé M. Fahour.
Par exemple, les clients dans la Chine rurale ne sont pas familiarisés avec le commerce électronique, selon le Vice-Président de China Post Group, Li Xiong. Ce dernier a indiqué que son opérateur désigné tente de changer cela, en expliquant comment le commerce électronique peut aider ces clients à échanger des marchandises avec les centres urbains.