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Les membres de l’UPU se concentrent sur la réglementation pour l’action climatique

La Conférence bisannuelle de l’UPU sur la régulation postale, qui s’est tenue à l’occasion des sessions du Conseil d’administration (CA) en mai, a souligné le besoin de réglementations postales et environnementales cohérentes et de données normalisées sur les émissions de gaz à effet de serre des postes pour établir des objectifs adéquats en matière de réduction des émissions. 

Sur le thème «Action climatique du secteur postal mondial», la conférence s’est tenue à un moment critique, puisque le Conseil d’administration (CA) venait d’approuver le tout premier projet de «package vert» pour le secteur postal. Ce package, qui comprendra des objectifs volontaires de réduction des émissions pour le secteur, sera soumis pour approbation au Congrès extraordinaire de Riyad 2023.
 
À l’ouverture de la conférence, Masahiko Metoki, Directeur général du Bureau international de l’UPU, a souligné l’importance d’ouvrir des moments de dialogue sur l’action climatique au sein du secteur.
 
«En saisissant cette occasion de collaborer, d’innover et d’apprendre les uns des autres, nous pouvons ouvrir la voie vers un avenir plus durable pour le secteur postal. Nous pouvons avoir un impact durable et positif sur notre planète et veiller à ce que le secteur postal reste une force essentielle en faveur du changement face aux défis climatiques», a-t-il déclaré.
 
Dans son discours d’ouverture, adressé aux participants, Abdallah Mokssit, secrétaire du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, a souligné la nécessité de réduire fortement et immédiatement les émissions dans tous les secteurs. Il a appelé les membres de l’UPU à réduire leurs émissions en s’appuyant sur l’efficacité énergétique que peut offrir le numérique et en passant aux véhicules électriques alimentés par des sources d’énergie à émissions faibles ou nulles.
 
«Si nous agissons maintenant, nous pouvons assurer un avenir durable pour tout le monde», a-t-il déclaré, en soulignant la nécessité de mettre en place les politiques, les infrastructures et les technologies nécessaires pour effectuer la transition.
  
Aligner les politiques et les pratiques
 
Le premier panel de discussion, animé par Rajeev Venugopal, représentant le Canada en tant que Coprésident de la Commission 2 «Politique et régulation postales» du CA, rassemblait des experts du secteur pour discuter de la mise en cohérence des pratiques postales avec les politiques climatiques nationales et régionales.
 
Daniele Violetti, Directeur senior de la coordination des programmes de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), a applaudi les travaux de l’UPU visant à établir des objectifs volontaires de réduction des émissions et à mettre en œuvre des technologies plus vertes au sein du secteur. M. Violetti a souligné la nécessité urgente d’une action à large échelle, tout en faisant remarquer que des options réalisables et peu coûteuses existaient dans toutes les régions. Il a ajouté que les cadres multilatéraux, tels que ceux créés au sein de l’UPU, seraient essentiels pour veiller à assurer la coopération mondiale en matière d’action climatique.
 
Cathrine Grimseid, analyste principale pour la société de veille réglementaire Cullen International, a noté qu’en Europe les régulateurs avaient du travail à faire pour rattraper les initiatives des opérateurs désignés en matière d’action climatique et pour créer des politiques favorables et cohérentes avec ces actions. «Les opérateurs sont très en avance par rapport aux régulateurs en raison des opportunités commerciales», a-t-elle expliqué.
 
Apportant une perspective opérationnelle, Felix Blaich, Directeur des relations postales internationales de Deutsche Post, a mis en avant les incitations commerciales aux stratégies de réduction des émissions au sein du secteur. «La clientèle demande des solutions plus durables de la part de leurs fournisseurs de service», a-t-il déclaré, ajoutant également que les investisseurs et les politiques concordaient avec cette demande.
 
Il a également affirmé que la réglementation devait créer des conditions équitables, lever les barrières, apporter des incitations et éviter les interférences avec les modèles économiques et qu’elle devait être normalisée au niveau international. Il a souligné le rôle de l’UPU en soutien de ces travaux, en insistant sur le fait que la résolution de l’UPU de 2021 sur l’action climatique avait permis au secteur de faire un grand bond en avant en collaborant sur les objectifs de réduction des émissions, les stratégies en la matière et le partage de connaissances sur le sujet.
 
Rassembler les décideurs politiques
 
Le second panel de discussion, animé par Nermin Hassan, représentant l’Égypte en tant que Coprésidente de la Commission 2 «Politique et régulation postales» du CA, a abordé la coopération entre les personnes élaborant les politiques climatiques et celles élaborant les politiques postales aux niveaux régional et international.
 
Gareth Phillips, responsable de la Division finance climat et environnement à la Banque africaine de développement, a suggéré que l’UPU et ses membres travaillent à s’aligner avec les Accords de Paris, qui prévoient des objectifs clairs pour la transition vers un avenir climatiquement durable.
 
Au sujet de l’adaptation aux changements climatiques, M. Phillips a noté l’importance du rôle des postes pour atteindre les populations affectées par la crise climatique, pour apporter les services essentiels et pour recueillir des données relatives au climat. L’UPU pourrait centraliser ces données dans une base de données, a-t-il suggéré. Il a ajouté que la Banque africaine de développement accordait des financements pour des études de faisabilité et qu’elle pourrait éventuellement mobiliser des fonds climat pour les projets au sein du réseau de l’UPU. L’organisation vise à normaliser les considérations relatives au changement climatique dans 100% des investissements et a un objectif cumulatif de prêter 25 milliards d’USD aux fins de l’adaptation au changement climatique entre 2020 et 2025.
 
Le rôle de l’UPU en tant que point de contact pour les données mondiales a été relayé par Dirk Appelmans, chef de l’unité postale au Conseil de l’Institut belge des services postaux et des télécommunications et Coprésident du Groupe de travail «Développement durable» au sein du Groupe des régulateurs européens dans le domaine des services postaux. Il a souligné l’importance d’établir des objectifs communs en matière de durabilité et a noté un manque de données vérifiées et comparables qui pourraient permettre de mesurer la véritable incidence du secteur.
 
Représentant le programme «Mobilité électrique» du Programme des Nations Unies pour l’environnement, Alexander Körner a ajouté que les opérateurs désignés étaient bien placés pour démontrer la valeur des véhicules électriques au public et aux décideurs politiques, à condition qu’ils prennent en considération l’impact environnemental tout au long de la chaîne de valeur. Il a ajouté que, pour que les réglementations en faveur du climat soient efficaces, elles devraient travailler de manière conjointe avec les politiques fiscales et en matière de transport concernées.
 
En clôture de l’événement, Marjan Osvald, Vice-Directeur général du Bureau international de l’UPU, a incité les Pays-membres à s’unir dans la recherche d’un avenir durable pour les postes. Il a ajouté que le package vert de l’UPU pourrait ouvrir la voie de manière prometteuse à l’atténuation du changement climatique, à l’adaptation au changement climatique et aux finances associées.