Le courrier aérien est apparu alors que l’aviation offrait de nouvelles possibilités pour relier les personnes sur de longues distances. À mesure que l’avion commençait à prouver son potentiel pour transporter le courrier de manière rapide et fiable, l’UPU a travaillé pour aider les opérateurs postaux à s’adapter à ce nouveau mode de transport. Le développement du courrier aérien a rapidement constitué un élément important de l’évolution plus large des services postaux internationaux, traçant la voie depuis les premiers vols expérimentaux jusqu’à l’établissement de lignes aériennes mondiales.
Dès l’instant où les premières lignes aériennes sont apparues, le courrier a vite trouvé sa place à bord. L’avion, symbole du transport moderne, a offert un moyen d’acheminer les envois postaux plus rapidement et avec une fiabilité toujours plus grande et est aussitôt devenu l’option privilégiée pour les services express.Premières réglementations aéropostales
Ce qui a commencé par de petites initiatives au début du XXe siècle s’est progressivement développé à partir des années 20, d’abord au niveau national, ensuite aux niveaux international et intercontinental. L’évolution, depuis les premiers avions à hélices traversant la Manche jusqu’aux avions à réaction modernes reliant New York (États-Unis d’Amérique) à Johannesburg (Afrique du Sud), témoigne d’une transformation dans laquelle l’UPU a très tôt joué un rôle en aidant les opérateurs postaux à surmonter les nouvelles difficultés posées par le service aéropostal et en mettant au point les premières dispositions internationales régissant son utilisation.
Une étape majeure a été franchie en 1927, l’année du premier vol transatlantique en solo effectué par Charles Lindbergh, lorsque la première conférence aéropostale s’est déroulée à La Haye (Royaume des Pays-Bas). Elle a constitué la première occasion pour les opérateurs postaux de traiter les exigences spécifiques du courrier aérien dans le cadre d’une convention postale. La conférence a introduit un certain nombre de dispositions essentielles. Parmi celles-ci figuraient la garantie de la liberté de transit pour les lettres et colis transmis par voie aérienne au sein des pays et territoires de l’Union, l’obligation pour les pays d’acheminer le courrier même lorsqu’aucune ligne aérienne nationale n’était disponible, l’établissement de surtaxes aéropostales et la définition de la rémunération pour les compagnies aériennes responsables du transport du courrier par voie aérienne.
Croissance des lignes mondiales
Au fur et à mesure que la technologie aéronautique s’est développée, la portée du service aéropostal s’est considérablement élargie. Les nouveaux services longue distance, comme la ligne de l’Atlantique Sud reliant la France et l’Amérique du Sud, inaugurée par Jean Mermoz et Antoine de Saint-Exupéry, ou encore l’Empire Air Mail Scheme reliant le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord et l’Australie à partir de 1938, ont consolidé le rôle du transport aérien dans les opérations postales.
Jusqu’au Congrès de Bruxelles 1952, les services aéropostaux étaient divisés entre les catégories «ordinaire» et «extraordinaire», chacune appelant des surtaxes différentes. Résultat de la coopération entre l’Association du transport aérien international et la Commission exécutive et de liaison[1], un système de surtaxe unique adapté au type d’envoi a remplacé ces catégories. Le Congrès a également simplifié le calcul des frais de transport grâce à l’adoption d’une liste officielle des distances aéropostales et d’une méthode basée sur le poids réel du courrier transporté. Les aérogrammes[2] ont été réglementés pour la première fois durant ce même Congrès.
L’arrivée des avions à réaction en 1958 a accéléré les développements en cours. Ils offraient des coûts d’exploitation moindres, une capacité de charge utile accrue et des vitesses beaucoup plus élevées. Les volumes de courrier aérien ont par conséquent régulièrement augmenté: 130 millions de tonnes-kilomètre en 1945, 610 millions en 1960, 2,3 milliards en 1968 et 6,8 milliards en 2019.
La fin des années 60 a également marqué une période de fort engagement institutionnel dans le développement du courrier aérien par l’UPU. Après le départ à la retraite du Dr Eduard Weber, le Dr Michel Rahi a été élu Directeur général du Bureau international de l’UPU en 1966. Son intérêt de longue date pour le courrier aérien, reflété dans sa recherche doctorale sur ce sujet et sur les frais de transport associés, a contribué à renforcer la priorité accordée par l’Union à l’évolution des exigences du transport aérien durant une période d’expansion rapide dans l’aviation mondiale.
[1] Établie par le Congrès de Paris 1947, la Commission exécutive et de liaison est devenue le Conseil exécutif en 1964, puis le Conseil d’administration en 1994.
[2] Les aérogrammes sont des lettres fabriquées en papier léger pouvant se plier de façon à être leur propre enveloppe, permettant aux opérateurs postaux de réduire le poids et le coût des envois expédiés par voie aérienne.
[UPU Archives – La Tchécoslovaquie, 1969]